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Paris Diderot adhère à la Guilde des universités européennes de recherche

Antoine Cazé, vice-président aux relations internationales nous explique en quoi consiste ce nouveau partenariat dans la stratégie de positionnement de Paris Diderot en Europe.

Quel est le rôle de la Guilde des universités européennes de recherche ?
  
Antoine Cazé : La Guilde se définit comme un réseau d'universités d'excellence aux côtés de ceux qui existent déjà en Europe (comme la LERU -League of European Research Universities, ou l'EUA - European University Association) pour dialoguer avec les instances de Bruxelles. Il s'agit d'une association dont la construction a commencé à l'automne 2015, à l'initiative conjointe des universités de Warwick et Glasgow, et qui à l'heure de son lancement officiel — tenu les 21 et 22 novembre 2016 à Bruxelles — compte 18 membres. Le critère principal d'admission est l'excellence scientifique : les universités membres sont dans le top 100 des classements mondiaux et/ou dans le top 10 des classements nationaux. Plus concrètement, La Guilde a deux objectifs principaux : le lobbying et le networking. Dotée d'un bureau permanent à deux pas de la Commission Européenne, elle se propose d'influer sur les grandes orientations de la recherche en Europe. Elle a été invitée à faire partie du groupe de réflexion qui, à Bruxelles, contribue à la définition de l'ERA. Elle travaille à la rédaction de "position papers" sur l'évaluation à mi-parcours d'H2020 (engagée pour 2017 sous l'égide d'un groupe d'experts piloté par Pascal Lamy) ainsi que sur la préfiguration des politiques de recherche dans le prochain programme cadre de l'Europe (FP9). Elle défend l'excellence de la recherche fondamentale, la dimension pan-européenne de la recherche, l'amélioration de l'interface recherche/développement, l'importance de l'interdisciplinarité, la parité hommes/femmes dans la recherche.
 
Qu'est-ce qui fait la particularité de la Guilde ? 
 
Antoine Cazé : La Guilde se distingue en ce qu'elle plaide pour une dimension véritablement pan-européenne de la recherche en s'engageant à dépasser le clivage entre l'Europe des 15 et l'Europe des 13 : elle inclut à ce jour les universités de Ljubljana, Tartu et Jaguelonne (Cracovie). Il s'agit clairement d'un double objectif scientifique et politique, en des temps où l'intégrité de l'Europe est sous intense pression. La Guilde entend montrer par ses actions que l'espace européen de la recherche doit se construire comme un modèle d'ouverture, d'intégration et de partage du savoir et des valeurs. Le thème du symposium d'inauguration de La Guilde — "Overcoming Boundaries: Open Science and Open Innovation" — illustre cette volonté ; il a permis de débattre en public avec Antonio Vicente, chef de cabinet du Commissaire à la Recherche et à l'Innovation à la Commission Européenne, Carlos Moedas. 
 
Pourquoi Paris Diderot a t-elle décidé d’adhérer à ce collectif européen ?
 
Antoine Cazé : Paris Diderot a été approchée au printemps 2016 par le Secrétaire Général de La Guilde, le professeur Jan Palmowski (U of Warwick). Ma participation à des réunions préparatoires m'a immédiatement convaincu de l'intérêt qu'aurait une université comme la nôtre à rejoindre un tel réseau : le réel esprit collaboratif du groupe, son souci de définir une vision commune en s'appuyant sur l'expertise de chacun, son exigence d'un fort niveau d'engagement de la part des membres (il ne s'agit pas d'un club de bien-pensance, et cela ne peut marcher qu'à condition que nous nous y investissions sérieusement) ne peuvent qu'être bénéfiques à notre université. Bien que Paris Diderot ait de nombreuses collaborations actives avec des partenaires européens — notamment par le biais des accords ERASMUS —, notre université n'avait pas défini de véritable stratégie européenne. Avec cette adhésion, nous nous inscrivons dans une dynamique de construction collective d'une politique européenne pour l'enseignement supérieur et la recherche. Cela nous permet de nous positionner sur une carte extrêmement concurrentielle, dans un groupe d'universités de tailles, de rangs et d'ambitions comparables aux nôtres.
Les mécanismes européens d'aide à la recherche sont souvent perçus par notre communauté comme opaques. Nous espérons que La Guilde permettra, à travers son travail de réseau, d'inciter plus de collègues à déposer plus de projets de recherche auprès de l'ERC, notamment dans le domaine des SHS. Car les universités membres de La Guilde sont toutes pluridisciplinaires, comme Paris Diderot, et souhaitent défendre le rôle éminent que les SHS jouent par et pour la recherche dans de nombreuses thématiques soutenues par l'Europe — par exemple les migrations, les politiques de santé publique, les défis énergétiques. Paris Diderot a une carte à jouer en montrant que ses chercheurs et enseignants-chercheurs peuvent développer des projets de recherche inter- et pluridisciplinaires de très haut niveau. Enfin, la possibilité de renforcer ou établir des collaborations privilégiées avec les membres de La Guilde offre une excellente opportunité de faire du "capacity building". En restant un réseau de taille raisonnable, qui ne dépassera vraisemblablement pas une vingtaine de membres, tout en reflétant la diversité des cultures nationales en matière d'enseignement supérieur et de recherche, La Guilde devrait permettre un partage d'expériences et de bonnes pratiques mutuellement bénéfique pour l'ensemble de ses membres. 
  
Quel rôle notre université pourra t-elle y jouer ?

Antoine Cazé : Contrairement à la LERU (League of European Research Universities), La Guilde n'est pas massivement dominée par certains établissements (Oxford et Cambridge par exemple), et chacun peut y jouer un rôle clé. Toutefois, être le seul membre français impose à Paris Diderot la nécessité de s'investir pleinement  dans La Guilde pour y faire entendre la voix de la recherche et de l'enseignement supérieur français. Nous devons montrer que nous pouvons tenir notre rang dans un groupe européen d'excellence, et y apporter notre contribution. Notre rôle sera à la mesure de notre engagement. J'invite donc tous les collègues de Paris Diderot — enseignants-chercheurs, chercheurs, administrateurs — qui croient en la possibilité qu'a la communauté universitaire de faire entendre sa voix dans la politique européenne de la recherche, à contribuer aux activités de La Guilde, par leur participation aux "Policy Labs", par leur expertise, et par leur investissement dans des projets collectifs. La dimension internationale d'une université se construit dans les laboratoires et les UFR, elle est une donnée incontournable de nos activités. La Guilde nous donne une occasion supplémentaire de renforcer cette dimension, il nous faut la saisir !
 
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Logo de la Guilde européenne des universités de recherche

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